Université de Poitiers, du 19 au 22 mars 2014

Organisé par le MIMMOC [1] et le CRLA [2], centres de recherche de l’Université de Poitiers, avec la collaboration du CRHIA [3] et du CECIB[4], en partenariat avec l’IEAQ et la chaire PRES Limousin-Poitou-Charentes d’Études sur le Canada.

Mémoire, Identités, Marginalités dans le Monde Occidental Contemporain Université de Poitiers Institut des Amériques Institut d'études acadiennes et québecoises Centre de Recherches Latino-Américaines - Archivos Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique Centre d'Études Canadiennes Interuniversitaire de Bordeaux


Comité scientifique

•Guy Clermont (EHIC[3], Limoges)
•Nathalie Kermoal (Faculty of native studies, University of Alberta)
•André Magord (MIMMOC, Poitiers)
•Thibault Martin (Université du Québec en Outaouais, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur la gouvernance autochtone du territoire)
•Gilton Mendes (departamento de antropologia, UFAM[4], Manaus)
•Michel Riaudel (CRLA, Poitiers)
•Bernadette Rigal-Cellard (CECIB, Bordeaux III)
•Renato Sztutman (departamento de antropologia, USP-FFLCH[5], São Paulo)
•Laurent Vidal (CRHIA, La Rochelle)

Organisateurs

•André Magord
Université de Poitiers
[andre.magord@univ-poitiers.fr

•Michel Riaudel
Université de Poitiers
[michel.riaudel@univ-poitiers.fr

Axe I. Les conditions de la connaissance de l’autre

Dans Race et Histoire, Lévi-Strauss suggérait qu’avant même de songer à tirer profit du style de vie des sociétés voisines, le défi était pour nous de les comprendre et même de les connaître. Cette approche et cet effort de compréhension ont d’abord été portés par les récits de voyage, les écrits des missionnaires, avant de devenir l’apanage du regard professionnel, scientifique de l’ethnologue. Mais il arrive à l’ethnologue lui-même, aujourd’hui, de regretter l’absence de chroniques contemporaines: «Seuls les voyageurs jugeaient intéressants, voire frappants, ce qui dans d’autres circonstances serait passé complètement inaperçu» Quel que soit le support et l’observateur, qu’il s’agisse de littérature ou de sciences humaines, la question reste toujours de se défaire de ses schémas de pensée, de ses préjugés, de se mettre en condition de comprendre ce qui est différent, de «se déplacer», au sens propre comme au sens figuré, pour s’agrandir, élargir son monde et son rapport au monde.

Dans notre actualité, le contexte de la rupture épistémologique du post-colonialisme (ou du paradigme post-colonialiste), il s’agirait aussi d’identifier les points de résistances qui freinent encore la re-connaissance, celle d’une altérité sans -isme: positivisme ou négativisme. Écritures non formatées, anthropologie réciproque, symétrique, mais aussi accès des Amérindiens à la maîtrise de leur image, aux techniques audiovisuelles… sont autant de pistes pour une compréhension de ce qui n’est pas nous, de ce en quoi nous ne nous reconnaissons pas (Patrice Maniglier). Avec une question connexe: pour quels usages?

Axe II. Amérindiens et lieux institutionnels du savoir

Il renvoie aux politiques, qui varient d’un pays à l’autre, se mettent en place pour remédier à une sous-représentation de l’Amérindien dans les établissements américains. Certaines mesures de discrimination positive ou d’affirmative action font débat dans les deux camps. Les principes se frottent à la pratique, les lois au pragmatisme. L’enjeu n’est toutefois pas seulement de satisfaire une revendication d’égalité ou de réparation postcoloniale, ce qui en soit n’est pas négligeable. Il suppose aussi que cette présence peut changer quelque chose pour tel groupe amérindien comme pour l’établissement d’accueil lui-même. Autrement dit qu’un savoir n’est pas un savoir dans l’absolu, mais aussi un fait culturel? On voit là qu’une question civique et politique est indissociable de ses présupposés cognitifs et «scientifiques». L’idée d’un projet commun n’impliquerait-il pas de dépasser une pensée clivée entre approches relativiste et universaliste?

Axe III. Les rapports sciences / savoirs traditionnels

Le dernier point est aussi le premier qui viendra à l’esprit. Les rapports amérindiens au savoir ont longtemps été assimilés ou réduits à une connaissance magique, aux traditions ancestrales ou chamaniques, voire à une exploitation empirique de la biodiversité locale. Toutes choses apparemment éloignées des méthodes universitaires de traitement de la connaissance, ou à la rigueur dignes d’être rationalisées scientifiquement pour des débouchés sociaux et industriels. Et pourtant l’on connaît l’intérêt des laboratoires pharmaceutiques pour les savoirs phytothérapiques locaux et la médecine «naturelle», ou de l’anthropologie pour l’étude de rapports singuliers au corps.

Quel dialogue en la matière, et quels échanges possibles?

Ce terrain implique des questions de propriétés intellectuelles (brevets?) et de maîtrise du sort des communautés, qui dépassent le seul domaine du savoir autochtone (ou non) et peuvent éclairer des discussions plus vastes sur la question du droit du «créateur» et de l’intérêt commun, à l’heure du web deuxième génération… Il conduit aussi à une réflexion sur l’articulation entre «science du concret» et productions de concepts, développement et gestion équilibrée des ressources, ainsi que sur les lieux et procédures d’expertises qui ne sont pas sans rapport avec les points précédents, comme la question des «usages» et de la destinée de nos civilisations…


Note d’intention

AMÉRINDIANITÉS ET SAVOIRS: UN PROJET FÉDÉRATEUR

Le colloque international que nous proposons d’organiser fait suite à deux journées d’études préparatoires qui nous ont confirmé le fort potentiel scientifique de notre thématique et la dynamique fédératrice qu’il engendre. (Nous avons reçu plus de 60 propositions et en avons retenu 54, dont 3à internationales).

L’intérêt qu’ont manifesté nos étudiants ainsi que différentes structures extra-universitaires pour ce projet ont guidé le choix du mois de mars pour sa tenue. L’ouverture du colloque se tiendra ainsi à l’Espace scientifique Mendes France, dans la ville de Poitiers, avec une conférence inaugurale et une table ronde en présence d’étudiants doctorants autochtones.

Le colloque se tiendra ensuite dans la grande salle des conférences de la Maison des Sciences de l’Homme et de la Société, campus universitaire, et sera accessible au plan mondial pendant un an sur le site chaîne universitaire UP TV. Un catalogue bibliographique sur la question autochtone sera publié en coopération avec le service de documentation de l’université de Poitiers, à partir du fonds Canada, légué par l’ambassade du Canada à Paris en 2012.

Les axes de recherches que nous proposons s’appliquent à tous les territoires des Amériques. Les analyses proposées à l’échelle d’un continent sur les interactions entre les connaissances des Amérindiens et celles des «Occidentaux» mèneront à une publication fédératrice d’approches convergentes et/ou divergentes qui devraient se révéler novatrices.

Le projet sera fédérateur en termes d’approches interdisciplinaires dans le domaine des sciences de l’Homme et de la Société. L’implication de trois structures organisatrices (les laboratoires Mimmoc et CRLA et l’Institut d’études acadiennes et québécoises) à Poitiers; et celle de deux laboratoires partenaires dont les études sur les questions autochtones ont été remarquées: le CECIB de Bordeaux III pour l’Amérique du Nord et le CRHIA de La Rochelle pour l’Amérique du Sud, est garante d’une pluralité de perspectives.

Au plan international, les coopérations avec la chaire de recherche sur le Canada PRES Limousin-Poitou-Charentes, (Nathalie Kermoal, responsable de la faculté de «Natives Studies», university of Alberta); avec la chaire de recherche du Canada sur la gouvernance autochtone du territoire (Thibault Martin, université du Québec en Outaouais); ainsi qu’avec les départements d’anthropologie de la Universidade Federal do Amazonas (Gilton Mendes) et de la Universidade de São Paulo (Renato Sztutman) soulignent la mobilisation en place autour de notre projet. Ces coopérations susciteront également la présence de plus de dix doctorants à notre colloque. La dynamique du croisement des postures scientifiques inter-générationnelles sera particulièrement pertinente pour notre colloque.

Dans ce contexte riche et porteur, l’Association française d’études canadiennes tiendra son congrès annuel le 21 mars en parallèle du colloque, et notamment une journée de doctoriales sur la thématique du renouvellement des théories, des problématiques et des méthodologies en études canadiennes qui s’organisera en synergie avec notre colloque.

Nous souhaitons un retentissement aussi large que possible pour cet événement scientifique. Différentes actions de communication seront organisées (presse, affichage, [site internet) notamment dans le cadre de l’ouverture à la société civile.

Notes

[1] Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique.
[2] Centre d’Études Canadiennes Interuniversitaire de Bordeaux.
[3] <*>EHIC EA 1087 – Espaces Humains et Interactions Culturelles.
[4] <*>Universidade Federal do Amazonas.
[5] <*>Universidade de São Paulo – Faculdade de Filosofia, Letras e Ciências Humanas.

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