Colloque Aplaqa, 2015, UNB, St Jean

André Magord, université de Poitiers

 

1 – Introduction : la culture, un concept insaisissable ?

En me proposant le défi de travailler sur la notion de culture, je savais pourtant que ce concept est celui qui résiste le mieux à toute définition aboutie dans le domaine des sciences sociales. Si, par exemple, l’anthropologie sociale s’est clairement établie en tant que discipline, l’anthropologie culturelle reste hésitante, entre des approches liées à l’ethnographie, aux études de folklore en Amérique du Nord, aux « cultural studies », à la littérature comparée, entre autres.

L’idée de présence culturelle suscite en effet d’emblée différentes questions, elles-mêmes sous-divisibles en de multiples interrogations. En premier lieu, la question de la manifestation d’éléments culturels soulève celle de l’origine, de la cause, des processus et procédés, des déclinaisons multiples et des variations. La seconde question nécessairement induite est celle de la réception. Ce domaine peut recouper des éléments allant du rapport affectif, individuel ou groupal à la dimension politique militante ou élargie, voire à l’instrumentalisation, en passant par l’interrogation insaisissable du rapport à l’esthétique. Ces différents espaces d’interrogation de la manifestation et de la réception culturelles recoupent systématiquement des processus d’identification et nous atteignons là une dimension de complexité qui fait que la définition du concept de culture continue de résister au domaine des sciences sociales et humaines. Le degré de complexité se trouve d’ailleurs accru lorsque le contexte d’étude est celui de l’interculturalité et/ou de cultures en mouvement.

Les débats actuels sur la rencontre des cultures, qu’ils soient médiatiques ou universitaires, ne parviennent pas à proposer des consensus durables. En France, l’idée de diversité culturelle continue de poser problème qu’il s’agisse de l’affirmation de cultures régionales, de l’acceptation d’autres présences culturelles ou des tensions liées à la laïcité[1]. Au Canada, le positionnement des communautés francophones se trouve à la croisée des politiques officielles de bilinguisme et de multiculturalisme et de la problématique québécoise de recherche de souveraineté ou de politique distinctive telle que l’interculturalisme ou les accommodements raisonnables[2].

La problématique de la présence culturelle acadienne et québécoise en Poitou inclut différents aspects de ce débat d’ensemble allant de la préservation souhaitée de cultures en partage à des mises en garde à l’encontre de processus dits « folklorisants », voire ethnicisants. La présence culturelle acadienne et québécoise en Poitou sera donc étudiée dans cet article à partir d’une description des éléments et des dynamiques en cours en Poitou puis dans le cadre de sa dimension transatlantique et diasporique.

 

2 – Contexte historique, sociologique et politique d’une présence culturelle acadienne et québécoise en Poitou et en France depuis 25 ans : dynamiques et synergies locales, régionales, nationales et internationales

La spécificité du Poitou est d’être, en plus d’une terre d’émigration vers le Nouveau Monde au 17e siècle, (rappelons que le port d’attache de Champlain est celui de Brouage, en Charente-Maritime), une terre d’accueil pour les déportés acadiens au 18e siècle. Même si peu d’entre eux s’enracinent finalement en Poitou, le maintien au sein des familles de descendants de cette histoire singulière de peuple en exil, permettra dans les années 1970 la ré-émergence d’une communauté de mémoire en lien avec les premiers émigrants du 16e siècle et avec ceux repartis en Louisiane après leur court séjour en Poitou au 18e entre 1763 et 1785[3].

Plusieurs dynamiques convergentes sont ainsi en jeu, tout d’abord, entre les années 1960 et 1980 et mènent à la constitution de ce que je nommerais de façon exploratoire, un paysage culturel.

À partir des années 1960, en France, un mouvement de renouveau d’intérêt pour la culture régionale, fait écho aux mouvements de revendication ethnique ou minoritaire en Amérique du Nord. C’est le moment des collectes d’information sur un patrimoine ethno-culturel que l’on craint de voir disparaître. En France, la question de l’identité régionale s’oppose au régime centralisateur autoritaire. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir le gouvernement français réprimer les velléités des défenseurs des identités et cultures basques, bretonnes ou corses, au nom de l’unité nationale, tout en déclarant au balcon de l’hôtel de ville de Montréal : « Vive le Québec libre ». Le fait culturel acadien et québécois en Poitou se trouve ainsi à la croisée de dynamiques locales, régionales, nationales, internationales et souvent de l’ordre du paradoxe.

Au plan local, dans le département de la Vienne, 4 associations[4] se constituent autour du fait acadien et québécois. L’activité de généalogie est centrale. Elle crée des liens inter-individuels puis inter-associatifs avec des Québécois, des Acadiens et des Cajuns ou Cadiens de Louisiane. Rapidement cette activité est rejointe par une volonté politique de la part des collectivités territoriales de valoriser ce patrimoine historique, matériel et vivant au plan local et international. M. Monory président du Conseil Général de la Vienne concrétise ainsi en 1982 une relation d’amitiés avec la province du Nouveau-Brunswick par un accord formel qui porte sur les questions institutionnelle, touristique, éducationnelle et culturelle.

Au plan national la délégation Générale du Québec et l’Office franco-québécois pour la jeunesse ainsi que l’association France-Québec garantissent le rayonnement des artistes québécois et les échanges entre jeunes. Les Acadiens ne sont pas en reste. Suite à la délégation des « Mousquetaires acadiens » à Paris, en 1968, l’association les Amitiés Acadiennes est constituée. Elle va fédérer et soutenir un réseau d’associations de promotion du fait acadien qui comptera une dizaine de membres[5].

Sur un plan non institutionnel, la place grandissante des médias dans le rayonnement culturel, donne à des artistes québécois une place prépondérante en France auprès du grand public. Citons pour la chanson, Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Robert Charlebois précédant Céline Dion, Garou et Cœur de Pirate ; Michel Tremblay chez les écrivains, Luc Plamondon pour les comédies musicales puis Robert Lepage pour le théâtre et Denis Arcand et dernièrement Xavier Dolan pour le cinéma. Pour l’Acadie, seul Edith Butler puis Rock Voisine pour la chanson, Antonine Maillet pour la littérature participent à cette reconnaissance au plan national[6].

Au plan poitevin, une synergie triangulaire qui se met en place permet de passer à une deuxième phase de développement du fait culturel acadien et québécois : celle d’une ouverture dynamique aux échanges transatlantiques. La triangulation en question repose sur les domaines associatif, institutionnel et à partir de 1982 universitaire avec la création du centre d’études acadiennes à l’université de Poitiers. Dans ce contexte porteur, un paysage culturel spécifique lié à l’Acadie et au Québec se développe en Poitou. Il se caractérise par une programmation artistique axée sur l’Acadie et le Québec, soutenue par les institutions et dont le rayonnement couvre tout le territoire. La singularité poitevine tient ensuite à l’appropriation et à l’intégration locale de cette présence artistique régulière par le milieu associatif et à la coopération constante apportée par l’université.

Au sein des associations liées au fait acadien dans la Vienne, la présence culturelle et artistique acadienne et québécoise se matérialise en premier par l’invitation continue d’écrivains qui circulent dans les réseaux associatifs, universitaires, culturels, etc. Il en est de même pour les conférenciers. Les intervenants à des colloques se comptent quant à eux par centaines. De façon plus exceptionnelle, des artistes sont aussi présents, souvent dans le cadre d’exposition, parfois d’événements, de résidences ou de symposiums. L’ensemble de cette dynamique culturelle reste très liée à la synergie créée par les « intermunicipalités »[7]. À partir de l’intérêt commun pour la généalogie et des échanges qui s’en suivent, des jumelages ont été mis en place, des voyages sont régulièrement organisés, de même que des échanges scolaires, des stages, le tout menant à l’organisation conjointe d’événements artistiques et culturels. Chaque association publie une revue/bulletin qui permet un lien pérenne avec tous les membres dont un bon nombre de Franco-Nord-Américains.

Pour « La maison de l’Acadie » dirigée par Mme Touret, la synergie triangulaire poitevine, de même qu’une forte dynamique des échanges transatlantiques sont présentes. Cette association se distingue surtout par la dimension médiatique et créative de son action. 4 spectacles vivants, proposés parfois en version filmée, sont créés. Des émissions de télévision sont tournées pour des chaînes nationales française et canadienne[8].

Diapo 7 et Diapo 8

Cet ensemble a vu la création récente d’un nouveau festival : les Cousins d’Amérique dont le programme illustre bien la large palette des intérêts ancrés dans la région pour l’Amérique francophone[9].

L’association Châtellerault-Québec-Acadie est plus centrée sur des activités liées à la littérature et la musique. Le récapitulatif proposé permet un aperçu quantitatif de la présence culturelle surtout québécoise. Dans les environs 30 dernières années, 22 voyages transatlantiques, collectifs ou individuels, ont eu lieu. 44 artistes ou groupes québécois ont donné des spectacles. 21 prix France-Acadie ont été reçus. 55 échanges croisés de jeunes ont eu lieu. 12 expositions ont été organisées[10].

La spécificité de l’action des « Cousins d’Archigny » tient au patrimoine bâti de « la ligne acadienne ». Un musée y reçoit plusieurs milliers de visiteurs chaque année. Le point d’orgue étant la célébration du 15 août[11].

En ce qui concerne le troisième pilier de la dynamique triangulaire, celui de l’apport de l’université, le bilan des activités de l’Ieaq met en évidence un nombre important d’invitations d’artistes, d’écrivains et de chercheurs qui interviennent dans le cadre de festivals, d’événements culturels et de colloques, les trois étant souvent associés[12].

Sur le plan de la création littéraire en France, l’excellent article de M. Viau publié dans le collectif « le fait acadien en France » (Diapo 20) présente une analyse des ouvrages créés en Poitou et en France sur l’Acadie et sur le fait acadien en France. En Poitou, Jeanne Ducluzeau a eu un beau succès avec ses romans : le Chemin des Huit-Maisons et Anne d’Acadie.

Plus récemment différentes BD (Diapo 21 : droits ?) de bon niveau faisant le lien entre Acadiens d’Acadie, du Poitou et de Louisiane ont permis une sensibilisation dans les écoles de la région. Au plan national, les livres d’Alain Dubos circulent dans les réseaux affiliés.

Dans le paysage culturel qui se dessine à partir des éléments de ce catalogue, le plan national est, à partir des années 2000, moins animé par la question politique de l’indépendance du Québec, même si une concurrence demeure entre la délégation générale du Québec et l’ambassade du Canada à Paris. Cette concurrence se traduit par une compétition qui se transfert davantage sur le plan culturel. Il existe une association France-Québec, une association France-Canada et une France-Acadie. Pendant plusieurs années, deux librairies canadiennes ont pied à Paris, l’une pour les ouvrages québécois, l’autre pour le reste du Canada. Les programmes de mobilité jeunesse, de soutien à la recherche sont également doubles. L’Association internationale des études québécoises et le Conseil international des études canadiennes complètent cette dualité qui mobilise doublement les actions culturelles. (Rappelons qu’une Association internationale d’études acadiennes a aussi existé pendant quelques années). Le centre d’études acadiennes de l’université de Poitiers devient d’ailleurs Institut d’études acadiennes et québécoises en 1992 ; changement bienvenu puisque régulièrement nos activités seront ainsi financées d’une part et de l’autre. Toutefois, comme indiqué précédemment c’est la dimension médiatique qui va prendre le pas sur la dimension politique du rayonnement culturel au plan national.

 

Politique de valorisation patrimoniale et lien vivant avec les cultures acadiennes et québécoises

Ces deux dynamiques, politique et médiatique, vont toutefois être moteur pour le développement qui nous intéresse en particulier, celui du plan régional et local en Poitou.

Sur le plan de la région poitevine, à comprendre ici en termes de territoire et de valorisation patrimoniale, le développement du rayonnement culturel acadien et québécois comprend un intérêt authentique qui repose sur les liens historiques et sur la langue française en partage. De plus, l’entité politique « région » qui n’existe que depuis la loi sur la décentralisation de 1982 en France a suscité une nouvelle classe de responsables politiques, entre le local et le national. Pour ceux d’entre eux qui ont une ambition nationale, les liens avec l’Acadie et le Québec permettent l’accès à une visibilité, voire à une notoriété internationale et au sein de la francophonie avec la garantie de la légitimité historique. Les célébrations hautement symboliques des 400e anniversaires de la fondation de l’Acadie en 2004 et de la ville de Québec en 2008 sont révélateurs en ce sens. En 2008, en Poitou-Charentes, l’équipe de la présidente de la région, Ségolène Royal, organise un travail de maillage territorial, dans le sillage de l’inventaire des lieux de mémoire communs Poitou-Nouvelle France[13] (Diapo 23). La mise en place d’une flotte de 40 bateaux à voile qui transporte chacun un tonneau avec des cadeaux envoyés par telle ville, village, association de toute la région, au Québec et aux Québécois, témoigne de la forte présence que continue d’entretenir le fait québécois. À la Rochelle, des festivités grandioses saluent le départ de cette flotte emmenée par le « Belem »[14] ? (Diapo 24 droit ?) Pendant ce temps, M. Raffarin, ancien président de région PC et ancien Premier ministre fait une tournée au Québec, et explique l’importance des liens entre la France, le Québec et le Canada.[15]

Pour ce qui est des dates commémoratives liées aux Acadiens, le rapport politique officiel est plus compliqué puisqu’ils constituent un peuple sans territoire, ni gouvernement officiels. En 2004, on met en avant ce qui est politiquement correct, notamment la contribution des soldats acadiens à la seconde guerre mondiale en France. Les associations, groupes, collectivités sont néanmoins très nombreux à répondre aux différents programmes de financement proposés par l’ambassade du Canada à Paris. Le festival de St Aubin, en Normandie, dont la raison d’être première fut la célébration de la mémoire du débarquement des Canadiens et Acadiens, se transformera à partir de 2006 en un des festivals acadiens les plus importants en France[16]. Il en sera de même pour le festival interceltique de Lorient où sous l’impulsion de la Société Nationale de l’Acadie, l’Acadie a obtenu le statut d’invité permanent[17].

Les célébrations liées à l’Acadie gardent toutefois en général une dimension plus locale. En 2004, le programme mis en place dans la Vienne reposait sur la synergie triangulaire déjà évoquée, avec un soutien appuyé de l’ambassade du Canada[18] (Diapo 25). La présence régulière de célébrations officielles liées à l’Acadie, contribue fortement à entretenir un contexte favorable aux initiatives associatives, parfois personnelles, pour continuer à développer des liens, proposer des activités, qui sont centrées sur ou comportent un volet culturel. Notons entre autres, après les célébrations de 2004 et de 2008, le Noël « acadien » du Futuroscope[19] (Diapo 29), la Foire exposition de Poitiers, qui pour la deuxième en 2011, propose le thème de l’Acadie[20] (Diapo 30).

En 2008-2009, une dynamique suffisamment importante se met ainsi en place pour que 5 villes de la façade atlantique : Poitiers, Châtellerault, La Rochelle, Nantes et St Malo se porte candidat pour l’organisation du Congrès Mondial Acadien (CMA) 2009. L’échec de cette candidature, soutenue par le Premier Ministre et le président du Sénat français, tous les deux du Poitou, aura des conséquences négatives sur la crédibilité de l’Acadie pour le développement de projets de coopération importants.

La question des CMA me mène d’ailleurs à la conclusion de cette présentation. La mise en place de ces congrès, à la fois généalogiques et familiaux, scientifiques et festifs ont eu un impact fort sur la présence culturelle acadienne en Poitou et en France. En premier lieu ces événements importants ont confirmé la dimension d’une identité culturelle acadienne diasporique en parallèle d’une communauté de mémoire. Malgré la controverse soulevée par, entre autres, Joseph-Yvon Thériault, sur le danger d’une ethnicisation en lien avec la diaspora, les CMA ont permis, au-delà de la dimension folklorique présente de valider un sentiment réel de prolongement de soi-même, de filiation, revendiqué par les Acadiens de la diaspora.

 

À la lumière de ces illustrations quels constats peut-on donc établir sur la présence et la dynamique culturelle acadienne et québécoise en Poitou aujourd’hui ?

Premièrement, la France, depuis Jacques Cartier, a toujours entretenu un lien singulier avec le Canada. Ne serait-ce que pour la nécessité de pouvoir penser et se projeter dans un ailleurs, fantasmé mais éventuellement accessible. Ainsi la notion des lointains « cousins », des grands espaces et de la cabane au Canada nourrit en France le besoin d’exotisme, au même titre que les plages et les palmiers des Caraïbes.

En Poitou, un tropisme local donne un ancrage spécifique à ce cadre d’ensemble. Il s’agit du contexte historico-culturo-médiatique déjà présenté, au cœur duquel la préservation d’un lien transatlantique vivant, singularise les dynamiques en jeu. Le rayonnement des cultures acadiennes et québécoises orchestré de façon suivie depuis plus de 25 ans en Poitou se conjugue ainsi avec une trame historique, associative, une identification locale et tournée vers l’outre atlantique franco-nord-américain.

Aujourd’hui, l’impact des dimensions numérique et médiatique transforme et accélère la valorisation patrimoniale. La dynamique associative s’essouffle et peine à suivre. Le domaine institutionnel prend le relais en continuant de s ‘appuyer sur une coopération avec les milieux universitaires, culturels professionnels dont les médiathèques, les librairies, les salles de spectacles, les acteurs du tourisme.

En 2015, un projet pluriannuel a été l’objet d’un contrat plan État-Région (Cper) sur le thème « Patrimoine oral régional et dynamique de l’interculturalité en contextes francophones (Grand Ouest français et Amérique du Nord) ». Ce projet s’inscrit dans le contexte des politiques régionales de valorisation patrimoniale devenues « grandes régions » et dans celui du renouveau des études scientifiques à partir de fonds documentaires spécifiques et de fonds d’archives écrites, sonores et visuelles. Ce renouveau s’appuie sur des techniques de numérisation de plus en plus avancées, sur des méthodes de valorisation qui rejoignent des domaines d’application dans les secteurs de la patrimonialisation, du tourisme, de la création artistique et de la participation des populations locales par la mise en place de plate-forme collaboratives. L’intérêt de ce renouveau porte également sur le croisement, la réactivation, l’actualisation et la réappropriation de connaissances en termes d’environnement, de culture, de climat, entre autres.

L’originalité de ce projet tient au fait qu’il se situe également dans le contexte de la francophonie internationale et des liens spécifiques développés entre le Grand Ouest de la France et la francophonie nord-américaine. L’étude des transferts culturels à partir de bases de données systématisées sera donc également au cœur du projet et devrait permettre des éclairages inédits sur le fonctionnement des cultures en mouvement, notamment en contexte diasporique.

 

Conclusion

Si la présence culturelle acadienne et québécoise fortement ancrée en Poitou s’est bien confirmée depuis 25 ans, des questionnements plus spécifiques méritent de retenir notre attention. Les liens spécifiques, transatlantiques, sont-ils essentiellement ancrés dans l’histoire ? Alimentés par une certaine instrumentalisation politique ? Sont-ils liés à la volonté d’une communauté, dispersée, pour une part virtuelle, mais animée par l’énergie d’actualiser une mémoire collective à travers l’expression d’une culture ?

Une certitude et un point d’interrogation demeurent. La certitude porte sur le rôle indispensable de la langue française dans cet ensemble où les dynamiques sont multiples. Sans cette langue en commun, la mémoire, la multiplicité, la richesse des éléments culturels en partage risqueraient fort de perdre leur substance.

Le point d’incertitude repose quant à lui sur l’impact du tout numérique pour les cultures à venir. Le numérique à ceci de paradoxal qu’il informe dans l’immédiat et relie facilement et largement, au-delà des distances. Il a aussi pour conséquence, l’isolement de chaque individu devant son écran. Il donne l’illusion d’une participation alors que partout on note une diminution de l’engagement collectif. Comment se joueront à l’avenir les liens entre histoire, identité, culture et média ou i-média ? Des recherches suivies sur la spécificité, la multiplicité et la diversité des liens transatlantiques, entre les régions de l’ouest français, l’Acadie et le Québec seront nécessaires pour tenter de répondre à ces interrogations.


Notes :

[1] André Magord, « Repenser la coexistence interculturelle à la lumière du multiculturalisme canadien », dans André Magord et Ariane Le Moing, (co-dir.), « Dynamiques interculturelles contemporaines », International Journal of Cultural Research, 3, 16, Russie. culturalresearch.ru/en/aboutl/26-ed, 2014.

[2] Bouchard, G., et Taylor, C., Rapport : fonder l’avenir, le temps de la conciliation, mce.gouv.qc.ca/publications/CCPARDC/rapport-final-integral-fr.pdf, 2008.

[3] Les régions d’émigration vers la Nouvelle France autres que celle du Poitou : Bretagne, Normandie, Île de France, ont aussi redéveloppé des liens formels d’échanges, essentiellement culturels, avec le Québec et l’Acadie à partir des années 1970, suite au fort développement de l’activité pour la généalogie, qui s’est accompagné du développement des jumelages entre villes. Voir pour l’Acadie A. Magord, « Contribution à une sociologie du fait acadien en France », dans André Magord, (sous la direction de), Le Fait acadien en France. Co-publication de l’Institut d’Études Acadiennes, université de Moncton, Canada et Geste Edition, Niort, France, 2010.

[4] Il s’agit des « Cousins acadiens d’Archigny », archigny.net/spip.php?rubrique=5, de « Châtellerault-Québec-Acadie », de « la Maison de l’Acadie », maisondelacadie.com et l’association « Falaise-Acadie ».

[5] amitiesfranceacadie.org

[6] On note également une certaine notoriété pour Natacha St Pierre et pour Lisa Leblanc dernièrement.

[7] Voir une liste de ces échanges pour Châtellerault sur http ://ieaq.labo.univ-poitiers.fr??

[8] Voir ieaq.labo.univ-poitiers.fr

[9] lanouvellerepublique.fr/actu/laeta-prepare-le-9-e-festival-des-cousins-d-amerique

[10] lanouvellerepublique.fr/actu/laeta-prepare-le-9-e-festival-des-cousins-d-amerique

[11] archigny.net/spip.php?article=354

[12] Une vingtaine de colloques et journées d’étude en 25 ans, en majorité sur l’Acadie, et portant sur les thématiques du mythe, de l’histoire, de l’identité, de la question autochtone, des réalités contemporaines, des commémorations, de la chanson, de la ruralité, des territoires informels, de l’autonomie, de la gouvernance, du patrimoine, de l’interculturalité et de la francophonie. En termes quantitatifs, plus de 20 livres ont été publiés. 20 écrivains, 7 artistes, 30 conférenciers, plusieurs centaines de participants à des colloques, tous impliqués dans des projets, souvent avec des actions suivies, notamment depuis 2012, dans le cadre de la chaire de recherche COMUE sur le Canada, action structurée au sein du regroupement des 5 universités : Poitiers, La Rochelle, Limoges, Tours et Orléans. Voir ieaq.labo.univ-poitiers.fr

[13] memoirenf.cieq.ulaval.ca et pour les lieux qui portent spécifiquement sur l’Acadie : iaat.org/lieux_acadiens/front/themes.php?accueil=themes&choix_departementMD=0.

[14] youtube.com/watch?v=KTM5CJk7z3c

[15] carnetjpr.com/2007/09/11/quebec-2008-propositions-francaises

[16] semaineacadienne.net/index.php/programme2013

[17] snacadie.org/index.php/component/content/article/20-nos-dossiers-generale/61-lacadie-au-festival-interceltique-de-lorient ; acadieexperience.com/lacadie-au-fil

[18] Voir …

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